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Le Figaro, no. 19074 Le Figaro, mercredi 30 novembre 2005, p. 3 INTERNATIONAL
Le clan Hariri aurait manipulé un témoin clé de l'enquête Le seul témoin nommément cité dans l'enquête sur l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais n'était pas fiable.
Georges MALBRUNOT (...)
Circonspect, Detlev Mehlis n'ignore-t-il pas les conclusions des premiers debriefings effectués par les services de renseignements saoudiens puis américains ? « A une forte probabilité, l'homme est un affabulateur », écrit alors la CIA, qui lâche volontiers la piste al-Sadiq. (...)
Pour l'équipe Hariri, même douteux, l'homme est utile. « On s'en est probablement servi pour lui faire endosser des informations recueillies par ailleurs », reconnaît un membre de l'entourage de Saad Hariri. En échange vraisemblablement d'une importante somme d'argent, Sadiq accepte de recycler des renseignements qui, espère-t-on, pourraient faire avancer l'enquête. Il ne se cache guère. Fin août, hilare, Sadiq appelle son frère Imad pour lui annoncer qu'il est devenu « millionnaire », rapporte l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Pour que son témoignage paraisse crédible, Sadiq s'accuse carrément d'avoir participé au meurtre d'Hariri. (...)
« Quand Sadiq parle, Mehlis n'a pratiquement rien », constate un diplomate français, qui suit l'affaire. Le procureur va utiliser les aveux de Sadiq comme une arme psychologique pour tenter un coup de bluff. Le 30 août, Mehlis demande à la justice libanaise l'arrestation de quatre responsables prosyriens des services de sécurité (Jamil al-Sayyed, Raymond Azar, Ali Hajj et Moustapha Hamdane). « Mehlis pensait que les quatre hommes allaient commencer à se déballonner », explique le diplomate. (...)
Sur place, l'enquête montre que ses dires ne sont corroborés par aucun indice matériel (type empreinte digitale) retrouvé dans son appartement. Dans ces conditions, pourquoi la DGSE a-t-elle « traité » Sadiq, alors qu'elle avait reçu des notes de la CIA le disqualifiant ? « L'ordre est certainement venu d'en haut », affirme le diplomate. Sous-entendu : de Jacques Chirac lui-même, qui veut aider la famille Hariri à découvrir la vérité sur l'assassinat de son ami.
The complete article is available in the archive of Le Figaro.
The main points:
- Mehlis himself didn't believe Sadiq in the beginning
- the CIA called him a "fabulist"
- nevertheless Mehlis used his testimony in a "bluff" to order the detention of the four Lebanese generals; he hoped that they would incriminate themselves.
- the investigation couldn't find any material evidence to support the claims made by Sadiq
- a "member of the entourage of Saad Hariri" is quoted as saying that Sadiq was used to convey information that came from "elsewhere". Sadiq received a large sum of money for his testimony.
- the French intelligence agency DGSE was aware of the CIA reports that questioned Sadiq's credibility, but they received an order from "higher up" (probably from Jacques Chirac himself) to ignore them
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